INFOS GENERALES

« Le monde est le monde et Cythère est un monde à part » avaient pour habitude de dire les Vénitiens en parlant de Cythère. A juste titre, car cette île, baignée par trois mers, présente de nombreuses particularités, en premier lieu desquelles une riche mythologie, inextricablement liée à la géologie de l’île qui a émergé des flots, tout comme la déesse Aphrodite. Son emplacement stratégique en a longtemps fait un objet de discorde entre les différentes puissances qui ont voulu la contrôler. La nature y transporte le visiteur dans des paysages diamétralement opposés allant de chutes d’eau et ravins verdoyants à des paysages désertiques où presque rien ne pousse. Les villages y ont conservé leur caractère traditionnel, comme si le temps n’y avait plus prise. Enfin, d’anciens sentiers, dont certains remontent à l’époque minoenne, parcourent toute l’île.

Cythère fait partie des ces endroits qu’il faut aimer avant de découvrir. Ce n’est qu’ainsi que l’île s’ouvrira au voyageur… Les sentiers de Cythère en sont l’une des clés. Quant à savoir comment chacun l’utilisera, c’est une autre histoire…

NATURE

Cythère, d’une longueur de 29 km sur 18 km et possédant près de 90 km de littoral est une île située au sud de la Grèce, au point de rencontre entre la mer Égée et la mer de Crète ainsi qu’entre le Péloponnèse et la Crète. Comptant parmi les îles Ionienne, elle est administrativement rattachée à l’Attique et au Pirée.

Les deux principales chaînes de basses montagnes se trouvent à l’est et à l’ouest de l’île. Elles encadrent plateau qui est entaillé par de nombreuses gorges profondes. Les plus hauts sommets sont les monts Koutsokefalo (324 m), Digenis (474 ​​m), Agia Moni (348 m) et Agios Georgios (321 m) à l’est et les monts Skliri (432 m), Mermigaris (506 m), Vigla (476 m) et Agia Elessa (433 m.) dans sa partie occidentale. L’eau coule de manière pérenne dans les ravins de Mylopotamos, Karavas et Mitata alors que le creusement de puits est indispensable dans les autres régions. L’eau qui coule dans cascades présentes à Mylopotamos a jadis été utilisée pour actionner les 23 moulins à eau qui se trouvent à proximité.

Le climat de l’île est méditerranéen, avec des étés chauds et des hivers doux mais humides. Les conditions climatiques ainsi que les faibles altitudes de l’île favorisent la croissance d’environ 800 espèces végétales différentes adaptées à ce climat. À Cythère, on trouve principalement une végétation arbustive composée par exemple de pimprenelle épineuse, de genêts, d’euphorbe, de sauge, d’asperges sauvages, d’oliviers sauvages, de pistachiers, de Calicotome velu, de bruyère, de thym, de myrte et de chèvrefeuille. on y trouve aussi de nombreuses espèces d’arbres, comme le cèdre, le caroube, le platane, le cyprès, l’olivier, l’amandier ou le figuier. De nombreuses plantes endémiques, principalement des herbes y poussent aussi naturellement. Ces dernières étaient déjà très prisées durant l’Antiquité pour leurs propriétés curatives et font d’aileurs toujours partie des habitudes alimentaires des habitants. C’est ainsi le cas du thym, de la menthe, la sarriette, l’origan, la Grande mauve, la sauge, la camomille, le romarin, la Rue officinale ou encore l’agérate.

La faune de Cythère n’est en revanche pas très riche. La plupart des espèces se trouvent dans les zones peu inhabitées comme les gorges ainsi que dans les endroits où la végétation y est la plus dense. Les mammifères, les oiseaux, les invertébrés, les reptiles et d’autres sont présents sur l’île. Les principaux mammifères qui y vivent natirellement sont le hérisson, la pipsitrelle, le lièvre, la souris et le furet. Les mammifères de bétail sont le mouton, la chèvre, la vache et le porc, alors que le poulet et la dinde prédominent pour l’aviculture. Cythère est une étape sur la route oiseaux migrateurs qui quittent la Grèce en hiver pour le sud de l’Afrique. Plus de 200 espèces d’oiseaux ont été observées sur l’île, dont la plupart appartiennent à des espèces migratrices. Parmi elles, il y en a une vingtaine qui vivent en permanence sur l’île.

L’île de Cythère possède trois zones qui sont incluses dans le réseau Natura 2000 : les côtes au nord et à l’est, ainsi que sept îlots sont classifiés comme zone de protection spéciale pour les oiseaux (code GR3000013), la zone maritime de Cythère (code GR3000019). Enfin, les îlots de Prasonisi, Dragonara et Antidragonara sont classifiés zone de conservation spéciale (GR3000010) car ils constituent d’importants refuges pour la faune.

Les nombreuses grottes présentes à Cythère révèlent l’existence d’une ancienne activité volcanique. Les bouleversements géologiques qui y ont eu lieu au fil du temps font que de nombreux Cythériens se réfèrent encore aujourd’hui à des légendes qui affirment l’existence de grottes qui mènent aux rives du Péloponnèse, d’un tunnel sous-marin qui relie Cythère à Elafonisos, ou de trous dans le sol dont sort une vapeur qui est issue des eaux du Péloponnèse. L’existence de nombreux fossiles facilement observables dans une grande partie de l’île a conduit les anciens habitants à relier relier Cythère à la déesse Aphrodite émergeant de la mer.

Sources:
https://el.wikipedia.org/wiki/Κύθηρα
http://www.med-ina.org/Portals/0/Uploads/PriorityArea/Partners/MedINA%20-%20Kythera%20CRA%20report%20v.02.pdf
https://visitkythera.com/el/perivallon-kythira/

MYTHOLOGIE

La mer de Cythère est le lieu de naissance de la déesse Aphrodite. Selon la légende d’Hésiode, elle a ensuite vogué vers Chypre dans une gigantesque coquille. Gaîa, voulant punir son mari Uranus pour tout le mal qu’il lui avait fait, demanda à leurs enfants de tuer leur père. Cronos prit une faucille du ventre de sa mère et assassina Uranus en lui tranchant ses organes génitaux qui, en tombant dans la mer de Cythère, sont devenus de petites îles (peut-être les îles Dragonares et la petite montagne au-dessus d’Avlemonas). En se déversant, le sang a touché l’écume de la mer et c’est de l’union de ces deux éléments qu’est née Aphrodite la céleste, déesse de l’amour. Elle n’est cependant pas restée à Cythère. Dans une gigantesque coquille, elle s’est rendue à Chypre où elle est restée. À Cythère, en raison du fait qu’Aphrodite est comme tombée du ciel, elle y est aussi vénérée comme Aphrodite Urania, la déesse de l’amour platonique, alors qu’à Chypre, où elle a émergé nue de l’écume après son voyage, elle est vénérée comme Aphrodite Pandemos, la déesse de l’amour charnel. Selon une autre légende, l’Atride Ménélas, roi de Sparte aurait possédé un palais d’été sur l’île et Pâris et la Belle Hélène se seraient réfugiés dans le temple d’Aphrodite à Cythère, invoquant ainsi la protection de la déesse de l’amour.

Le fort symbolisme d’Aphrodite et de Cythère a traversé les siècles et se retrouve encore de nos jours dans de nombreuses oeuvres artistiques comme la peinture, la poésie ou le cinéma.

Le lien entre Cythère et Aphrodite peut aussi être compris à la lumière de l’histoire géologique de l’île. Cythère a été soulevée plusieurs fois par rapport au niveau de la mer et il n’est pas rare, même à l’intérieur de l’île, de marcher sur d’innombrables coquillages fossilisés. Une île qui a émergé des fonds marins et qui regorge de coquillages fossiles est l’endroit idéal pour être en lien avec le mythe de naissance de la déesse Aphrodite.

Historiquement, le culte d’Aphrodite à Cythère ne doit rien au hasard. Les Minoens adoraient leur Grande Déesse, et après eux, les Phéniciens ont apporté sur l’île le culte de la divinité Astarté, qui est également déesse de la fertilité et qui est associée à Aphrodite. L’idée d’une grande divinité féminine non représentée semble avoir été transférée au culte d’Aphrodite, pour qui il n’y a jamais aucune référence dans les statues sauf sous la forme d’un bœuf. Encore aujourd’hui, on ne représente pas le visage de la Panagia Myrtidiotissa, pourtant considérée comme la patronne de l’ile. Et son surnom « Myrtidiotissa » vient de la Myrte, qui était la plante sacrée d’Aphrodite!

HISTOIRE

L’île de Cythère a toujours été au carrefour des différentes cultures méditerranéennes et a pu constituer un refuge pratique pour les pirates, les colons, les ascètes ou encore les persécutés en tous genres. Cythère a été habitée à partir du Néolithique : des niveaux stratigraphiques d’occupation comprenant d’innombrables coquillages ont été datés de l’age du bronze, qu’ils soient minoens ou helladiques. Les Minoens, au début du deuxième millénaire avant notre ère, ont gouverné l’île et ont placé ses environs sous leur contrôle. Sur le massif près de l’église d’Agios Georgios, les archéologues ont fait d’importantes découvertes: des vestiges d’un important sanctuaire minoen associé à des scultptures sur pierre et des figurines en bronze y ont été mis au jour. C’est à partir du 14ème siècle avant notre ère que l’île est occupée par les Mycéniens,. On ne sait cependant pas avec précision quand les Phéniciens y sont arrivés pour la première fois pour y organiser le commerce très rentable du pourpre. Les Spartiates occupèrent Cythère au 6ème siècle avant JC. Les Athéniens réclamèrent l’île plusieurs fois, en particulier pendant les guerres du Péloponnèse, entraînant ainsi de récurrentes alternances entre une occupation athénienne ou spartiate. Elle prit fin à la faveur de la paix signée en 421 av. JC. Cythère passa ensuite sous domination macédonienne et enfin romaine.

Cythère, à l’image de tout le bassin méditerranéen, est sous domination byzantine à partir du VIe siècle et l’importance du fait religieux y a laissé sa marque par le biais de la construction d’au moins trois cents monuments et églises. Au 13e siècle, les Vénitiens annexèrent Cythère ainsi que d’autres îles et régions de Grèce. Cependant, sous l’autorité de l’empereur Michael Palaiologos, l’île fut reprise par Constantinople et a ainsi continué à « changer de main » entre les Vénitiens et les Byzantins dans les années qui suivèrent, sans toutefois pour autant piétiner la foi et le culte orthodoxe. En 1537, le commandant de la flotte ottomane Haireddin Barbarossa, l’un des pirates les plus terribles de la Méditerranée, pilla et détruisit Paleochora après avoir massacré ses habitants. Au 17ème siècle, de nombreux réfugiés de Crète se rendront sur l’île, y important leurs coutumes et leur culture. Les Ottomans débarquèrent à Cythère en 1715, mais ne purent y rester plus de trois ans. L’île est en fait restée vénitienne jusqu’au renversement de la République de Venise en 1797.

En 1798, les Français sont également venus à Cythère. Mais les Russes et les Turcs s’allieront peu après pour la conquête de l’île et le contrôle de ses mers. C’est également en 1798 qu’un un terrible tremblement de terre détruisit tout dans la région de Kastri et Skandia. Les Anglais de 1809 à 1864 participeront à la reconstruction de l’île par le biais de dizaines d’ouvrages, mais en y supprimant toute caractéristique architecturale grecque. Au cours de cette période, plus de projets d’infrastructure ont été réalisés qu’au cours des siècles précédents. C’est en 1815 que Cythère et toutes les îles Ioniennes deviendront la République des îles Ioniennes – sous le protectorat du Royaume-Uni – avec Corfou pour capitale. En 1864, les îles Ioniennes se fondent à la Grèce libre. En 1917, Cythère a eu une administration autonome durant une très courte période.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les habitants de Cythère a participé activement à la Résistance. Dans le village de Potamos, un front de résistance a permis de limiter le contrôle de l’île par les Allemands. L’île est d’ailleurs la première région de Grèce à etre libérée en 1944. Mais aujourd’hui, l’île se dépeuple. La plupart des jeunes partent à l’étranger, principalement en Australie et aux États-Unis. Les départs vers d’autres pays se sont arrêtée à la fin des années 1970, alors que des années 1950 aux années 1990, les départs vers d’autres centres urbains de Grèce, comme Athènes ou le Pirée, sont aussi importants. Ce n’est qu’à partir des années 1990 que Cythère développe une activité touristique.

Source:
https://www.kythera.gr/about_kythera/history.php

CULTURE

Cythère est au carrefour de plusieurs civilisations depuis des millénaires, car elle située à la frontière entre l’Orient et l’Occident. Sa situation géographique a déterminé de manière décisive son histoire à travers les siècles et en a fait une île qui a été prisée par nombre de conquérants, de poètes, de musiciens et de peintres inspirés et qui, de nos jours encore, ambitionne de compter dans les temps modernes.

Les moulins à eau et à vent sont des éléments importants de l’histoire économique, sociale et environnementale de l’île. Les premières références historiques (contrats de dot, loyers, etc.) au sujet des moulins à eau de Mylopotamos remontent à la période vénitienne, alors que leur nombre semble avoir considérablement augmenté durant l’occupation britannique, du fait de la croissance démographique et de l’augmentation de la production agricole. Le recours aux moulins à eau décline après les années 1950 en raison des avancées technologiques (moulins à moteur diesel notamment) et de l’abandon des activités traditionnelles (du fait de l’émigration). Ceci se retrouve aujourd’hui dans des comptines populaires. À Cythère, les nombreux moulins à vent liés à l’activité agricole ont été construits au 19ème siècle. Généralement en pierre, ils peuvent être seuls ou par paires et se situent dans des endroits facilement accessibles aux abords des villages. Les habitants de Cythère ont moulu le blé dans ces moulins, une coutume qui a peu à peu été abandonnée au cours du XXe siècle. C’est en 1955 que le dernier moulin à vent de l’île a cessé de fonctionner.

L’architecture traditionnelle de Cythère se base sur une expérience et une pratique longue de plusieurs siècles, associée à des connaissances en perpétuelle amélioration, que ce soit en terme d’utilisation de matériaux locaux ou en termes d’harmonisation avec l’environnement local. Les bâtiments traditionnels de Cythère possèdent des éléments communs avec que l’on retrouve en Crète, dans le Péloponnèse, les îles Ioniennes ou les îles de la mer Égée. Cependant, c’est durant la longue période de domination vénitienne que le coeur de l’identité architecturale de l’île s’est développé. Visuellement, la différence entre le sud et le nord de l’île se remarque aux toits des maisons. Au nord, les maisons possèdent des toits de tuile (influence du Péloponnèse) alors qu’au sud les toits sont plats (influence crétoise). Sur les côtes, les quelques constructions traditionnelles que l’on rencontre sont les longues arches de pierre, un style probablement emprunté par les habitants aux Sarrasins qui pillaient autrefois les rivages. Les grandes maisons de maître de Cythère adoptent généralement des lignes simples, ne sont pas très volumineuses et possèdent à la fois un caractère défensif marqué associé à un caractère doux et hospitalier.

Les églises et les châteaux de l’île sont également l’un des éléments caractéristiques du paysage de Cythère. Les monuments ecclésiastiques sont éparpillés sur chaque versant et ornent le paysage de l’île comme (selon les habitants) «des pierres de toutes les époques et baignées de soleil». Les églises de Cythère, qui sont d’anciens monastères catholiques remontant au XIIIe siècle, à la seule exception du sol en mosaïque de la nef de l’église d’Agios Georgios, près de Paliopolis, qui lui remonte au début du VIIe siècle. L’église la plus importante est celle d’Agios Theodoros près du village de Potamos: elle honore le saint patron de l’île et l’icône de Panagia Myrtidiotissa en est la relique la plus précieuse. La légende dit également que Paleochora, la capitale médiévale de Cythère, comptait 365 lieux sacrés, un pour chaque jour de l’année.

L’île possède aussi aussi de nombreux châteaux qui témoignent de sa longue histoire ainsi que de ses conquêtes successives. En particulier, le château de Chora, localement connu sous le nom de « Fortetsa ». Construit par les Vénitiens au 13ème siècle sur une colline stratégique, il a été nommé « L’oeil de Crète », car de ses remparts on pouvait observer le passage des navires vers et depuis la Crète. Le château de Mylopotamos est un château vénitien aujourd’hui bien conservé à Kato Chora Mylopotamou. Construit entre collines et coteaux et exposé plein ouest, il offre à ses hôtes un magnifique coucher de soleil. La forteresse vénitienne du village d’Avlaimonas était la troisième plus importante de Cythère. Les postes d’observation ainsi que les meurtrières sont encore visibles et en traversant le couloir intérieur et ses 14 arches, le visiteur peut admirer certains des canons rouillés qui subsistent encore aujourd’hui. C’est à proximité de cette forteresse qu’a coulé en 1802 le navire de Lord Elgin, le « Mentor », celui qui transportait les marbres antiques de la frise du Parthénon.

Les traditions ainsi que le folklore attachés à l’histoire de l’île sont entretenus et préservés par le biais des festivals locaux. Sa musique apporte la joie dans les quartiers et les cafés, ses chansons font l’éloge de la vie quotidienne, de l’Homme ainsi de l’amour. Les célébrations en l’honneur des saints de l’île mais aussi les celles organisées par les associations culturelles des villages sont toujours l’occasion de danser et de faire la fête jusqu’au matin, surtout l’été. Le bazar de Kefalochori à Potamos, qui se tient tous les dimanches depuis plus de 700 ans, est peut-etre l’événement le plus fédérateur de l’île. Certains disent même que le village a été construit à cet endroit justement à cause du bazar.

Sources: http://www.med-ina.org/Portals/0/Uploads/PriorityArea/Partners/MedINA%20-%20Kythera%20CRA%20report%20v.02.pdf
http://www.golden-greece.gr/places/eptanisa/kythira/kythira_kythira.html